Les acouphènes, quel impact sur le psychisme ?

Un bourreau et sa victime

Les acouphènes, une forme sournoise de harcèlement psychologique

Dans le cadre de mon travail en tant que conseiller psychologique et social au centre Activate à Genève en Suisse, je suis en charge de l’accueil et du suivi de personnes présentant des acouphènes. Depuis 2 ans, j’ai pu suivre et observer plus d’une centaine d’acouphéniques de tous horizons.

Au fur et à mesure que j’observais, écoutais, rassurait, réconfortais, un schéma a commencé se dévoiler : j’ai remarqué que leur souffrance psychologique a beaucoup en commun avec les personnes victimes de harcèlement. Dans les deux cas, nous avons un agresseur et une victime. Et vous allez le voir, les similitudes sont frappantes.

C’est pourquoi, si vous voulez aider les acouphéniques, il est nécessaire de tenir compte de cette souffrance particulière, et d’agir en conséquence, comme vous le feriez pour une personne souffrant de harcèlement. À la grande différence, que le harceleur ne pourra pas être simplement supprimé de l’équation, puisque selon le consensus actuel, il n’existe pas de traitement contre les acouphènes.

Maintenant, essayons d’étayer un peu cette observation, pour ce faire, je vous propose de poser les bases du harcèlement psychologique. J’ai trouvé cet article qui résume bien le problème, et je vais simplement le commenter à la lumière de mes analyses.

Source : https://inrs.ca/harcelement-psychologique-et-violences-a-caractere-sexuel/harcelement-psychologique/

Le harcèlement psychologique est une conduite vexatoire qui se manifeste par des paroles, des comportements, ou des gestes répétés, hostiles et non désirés, qui font de la peine, blessent, contrarient, humilient ou insultent. Lorsqu’une telle situation se produit, la dignité ou l’intégrité psychologique ou physique de la personne est atteinte, et le milieu de travail ou d’études devient néfaste.

Comment savoir si c’est du harcèlement?

1. Répétition et gravité

En principe, les comportements doivent être répétés. Le nombre de répétitions pour constituer du harcèlement varie selon la gravité des comportements, des paroles, des actes ou des gestes vexatoires et l’effet qu’ils ont sur l’individu qui les subit. Toutefois, une seule conduite vexatoire grave peut constituer du harcèlement si elle porte une telle atteinte et produit un effet nocif continu pour la personne.

Premier point en commun avec un acouphène : celui-ci prend la forme d’une agression répétée. En effet, il perturbe grandement la vie de la personne, et, contrairement au harceleur, il ne s’arrête pas, pour continuer de jour comme de nuit. Quand à la gravité de l’agression, elle va dépendre de l’intensité sonore de l’acouphène, et de son éventuelle variabilité.

2. Comportement hostile ou non désiré

Un comportement hostile est fait dans l’intention de nuire à une personne. Dans ce cas, il n’est pas nécessaire que la personne ait exprimé clairement son désaccord à chaque comportement, parole, acte ou geste posé pour conclure qu’il n’était pas désiré.

Difficile d’accuser un acouphène d’avoir l’intention de nuire, mais le résultat reste le même. Un acouphène, c’est comme un comportement hostile parfois. On a le sentiment que l’acouphène, ou que quelque chose de mal intentionné nous en veut. Ce qui peut générer un sentiment de culpabilité, ou la «victime» en quelque sorte va chercher à comprendre ce qu’elle aurait pu faire de mal pour mériter cela.

Dans le cas d’un geste non désiré, l’intention de nuire n’est pas nécessaire. Il devient de la responsabilité de la personne qui subit ce comportement de manifester son désaccord et de demander à l’auteur de cesser.

Difficile de manifester son désaccord avec un acouphène, ce qui va renforcer le sentiment d’impuissance de l’acouphénique, et contribuer à l’emmener, petit à petit, vers un état proche du burn-out par désespoir interposé.

3. Atteinte à la dignité ou à l’intégrité

La conduite vexatoire porte habituellement atteinte à la dignité ou à l’intégrité psychologique ou physique de la victime. Une diminution du sentiment d’estime de soi, une détérioration des fonctions normales du corps humain ou un déséquilibre psychologique ou émotionnel peut être observé dans ces situations.

Dans le cas d’un acouphène, j’ai pu observer un schéma similaire. La personne victime d’acouphènes durables, va petit à petit perdre confiance en elle. Cela va participer à la déstabiliser psychologiquement. En effet, avec l’espoir d’une solution qui ne vient pas, la personne va finir par perdre confiance en la vie et en elle-même.

Les personnes exposées à du harcèlement psychologique peuvent notamment présenter les symptômes suivants : pleurs, déprime, troubles de la mémoire, abattement, irritabilité, agitation, perte d’intérêt, isolement, perte de confiance et d’estime de soi, fatigue, troubles du sommeil, troubles gastriques, perte d’appétit, maux de dos, sueurs, vertiges, tremblements et nausées.

Les acouphéniques présentent exactement les mêmes symptômes ! Si on peut imaginer qu’une personne harcelée s’isole pour éviter le harcèlement, ou parce qu’elle ne souhaite pas en parler à ses proches, pour un acouphénique c’est différent. Nous sommes dans le cas du d’une souffrance liée à ce qu’on appelle une maladie invisible. L’acouphénique parle autour de lui de sa souffrance, mais l’empathie qu’il aimerait recevoir en retour fait souvent défaut. En effet, seule une personne ayant souffert d’acouphènes peut réellement ressentir de l’empathie. Alors l’acouphénique, las de voir sa souffrance incomprise, parfois raillée, minimisée, fini par se replier sur lui-même.

4. Milieu de travail ou d’études néfaste

La conduite vexatoire a un impact sur le milieu qui devient néfaste pour la victime, c’est-à-dire qu’elle n’a notamment plus envie de s’y retrouver et éprouve un grand malaise quand elle s’y trouve.

Là, on retrouve le côté d’angoisse par anticipation. Quand l’acouphène diminue, alors l’acouphénique angoisse à l’idée que ça recommence. Et on le sait, le stress impacte négativement l’ensemble du système nerveux. C’est un cercle vicieux. Il y aura aussi, même si l’acouphène diminue durablement, un stress post-traumatique bien présent, qui prendra beaucoup de temps à se résorber.

Donc comme je le mentionnais tout à l’heure, si l’on veut diminuer l’impact d’un acouphène, c’est primordial d’avoir un protocole qui inclus une approche ciblant le burn-out et la dépression.

C’est pourquoi, nous proposons au centre Activate un protocole trimodal. Trois approches agissant de concert pour réduire l’impact de l’acouphène et améliorer la qualité de vie de l’acouphénique.

 

 

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